La part de chrétiens américains d’origine asiatique est en baisse

Le nombre de chrétiens américains d’origine asiatique est en baisse

Selon un sondage du Pew Research Center, le nombre de chrétiens d’origine asiatique a chuté en une décennie aux États-Unis, mais le christianisme est encore la religion la plus partagée par cette composante de la population américaine.

Alors que le pourcentage de chrétiens américains a chuté de 77 % à 65 % entre 2009 et 2019, selon un sondage du Pew Research Center publié il y a quatre ans, une autre publication de l’institut indique une même tendance chez les Américains d’origine asiatique.

Après que l’entreprise Westat eut enquêté auprès de 7 006 Américains d’origine asiatique en ligne ou par courrier, entre le 5 juillet 2022 et le 27 janvier 2023, le Pew Research Center a publié le 11 octobre dernier les résultats de ses recherches. Il en ressort que le nombre d’entre eux qui s’identifient comme chrétiens a chuté de 42 % à 34 %, tandis que celui de ceux qui n’ont aucune affiliation religieuse est passé de 26 % à 32 %, le tiers des répondants. La marge d'erreur d'échantillonnage est de plus ou moins 2,1 points de pourcentage pour un niveau de fiabilité de 95 %.

La part des chrétiens d’origine asiatique n’est pas la seule a être rétrécie, le bouddhisme est également en baisse de 3 points avec aujourd’hui 11 % d’affiliés, tandis que l’hindouisme et l’islam ont légèrement augmenté, passant respectivement de 10 % à 11 % et 4 % à 6%.

La proportion d’Américains d’origine asiatique sans affiliation religieuse est proche de celle que l’on retrouve dans l’ensemble de la population américaine. D’après un sondage mené par AP-NORC en 2021, 29 % des Américains ne s’identifiaient à aucune religion en particulier. Une enquête publiée par le Pew Research Center la même année donne le même résultat alors qu’il était de 16 % une décennie auparavant.

L’étude ne concerne pas les opinions des Américains d’origine proche-orientale, mais celles des Chinois, des Philippins, des Indiens, des Japonais, des Coréens et des Vietnamiens sur la religion. Les convictions varient en fonction des groupes, et dans la plupart d’entre eux le nombre de chrétiens est largement inférieur à la moitié.

La foi chrétienne varie selon les origines

Sans surprise, parmi les six groupes interrogés, c’est chez les Américains d’origine philippine et ceux d’origine sud-coréenne que l’on retrouve le plus de chrétiens, leurs pays d’origine étant respectivement chrétiens à près de 85 % et 30 %. La plupart des Américains d’origine philippine se déclarent chrétiens (74 %) alors que ceux d’origine sud-coréenne se disent de cette foi à 59 %. Dans le détail, 57 % du premier groupe sont catholiques et 34 % du second sont évangéliques, une proportion qui reflète l’avantage qu’ont l’une et l’autre foi dans ces deux pays, le catholicisme prévalant largement aux Philippines tandis que le protestantisme représente est de loin la première dénomination chrétienne en Corée du Sud.

Si 16 % de l’ensemble des personnes interrogées se déclarent protestantes, le nombre est en baisse de six points par rapport à 2012. La part des protestants évangéliques est passée de 13 % à 10 %. Celle des catholique n’a également que peu baissé, elle est de 17 % contre 19 % il y a une décennie.

Issus d’un pays très peu christianisé (2,3 % selon les recensement de 2011), les Américains d’origine indienne constituent le groupe où l’on trouve le moins de chrétiens. Cependant, ils sont tout de même 15 % à être affiliés au christianisme, alors que 48 % se déclarent hindous.

C’est chez les Américains d'origine chinoise et japonaise que l’on trouve les pourcentages les plus élevés de personnes sans affiliation religieuse, avec 56 % chez les premiers et 47 % chez les seconds. Dans leurs pays d’origine, ils étaient respectivement 73,56 % à ne pas avoir de religion en 2016 et 62 % en 2018.

L’importance pour les Églises d’immigrants

Cette baisse du nombre de chrétiens inquiète Gabriel Catanus, directeur du Fuller Seminary’s Filipino American Ministry Initiative, à Pasadena en Californie, rapporte le magazine Christianity Today :

"Au niveau pastoral, ces statistiques correspondent aux innombrables histoires de nos églises d'immigrants qui luttent pour rester saines ou viables. Même si nous ne savons pas ce que diront les chiffres dans dix ans, ces données devraient inciter les pasteurs, les parents et les dirigeants à faire une pause pour réfléchir (et à prier)."

 La plupart des spécialistes de la religion et des dirigeants qu’a interrogé Christianity Today ne sont pas surpris par le déclin du christianisme parmi les Américains d’origine asiatique. Ils l’attribuent à des facteurs tels que l’abandon de la foi des Américains d’origine asiatique de deuxième et troisième générations ou au lien entre le christianisme occidental et la nature polarisante de la politique américaine dans laquelle la religion est mise en avant dans des débats sociétaux.

Mais certains, comme Amos Young, préfèrent se rassurer en regardant non pas les chiffres relatifs mais les chiffres bruts. Ce théologien pentecôtiste d’origine malaisienne présente le raisonnement suivant :

"Peut-être que la population américaine d’origine asiatique a augmenté de telle sorte que 10 % représente encore aujourd’hui un nombre global plus élevé que 13 pour cent il y a dix ans ; donc si cela peut être confirmé, cela dissipera au moins un peu les inquiétudes."

La précédente étude du Pew Research Center, publiée en 2012, indiquait que les protestants évangéliques d'origine asiatique avaient une plus importante fréquentation hebdomadaire de l’église (76 % contre 64 %) et qu’ils étaient l’un des groupes les plus religieux aux États-Unis. Le Pew précisait cependant que les variations étaient importantes au sein de ce groupe divers.

Jean Sarpédon


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